Et puis il y a des incertitudes sur le processus inverse qui est celui de la fixation de matière organique, de carbone, par la végétation. Des chercheurs viennent de découvrir un virus géant d'un genre totalement nouveau, dans le même échantillon de permafrost de Sibérie, datant de 30 000 ans, d'où avait déjà été isolé Pithovirus. Permafrost en Sibérie: les actuels et gigantesques incendies vont libérer du méthane et d’autres virus. Chercheur l Chantal Abergel l T 04 91 82 54 22 l chantal.abergel@igs.cnrs-mrs.frChercheur l Jean-Michel Claverie l T 04 91 82 54 47 l claverie@igs.cnrs-mrs.frPresse CNRS l Alexiane Agullo l T 01 44 96 43 90 l alexiane.agullo@cnrs-dir.fr, FR 3479 - IMM, Institut de Microbiologie de la Méditerranée - 31 Chemin Joseph Aiguier - 13009 Marseille, Institut de Microbiologie de la Méditerranée. Il y a des virus qui sont encore parfaitement vivants, qu’on peut réactiver après 40.000 ans de congélation dans le permafrost ». Liberté d’expression, liberté d’enseigner : le casse-tête des professeurs. Elle débute en 1941, année de la dernière flambée épidémique d'anthrax qu'a connue la région - qui a vu des millions de rennes décimés tout au long du siècle. "Il y a également le danger, poursuit le chercheur, que des espèces cantonnées beaucoup plus au nord, au désert polaire  - certains types d’herbes ou de lichens – deviennent de plus en plus rares, voire même disparaissent avec le réchauffement climatique.". A l'époque, la carcasse gelée d'un animal tué par la bactérie se couvre peu à peu d'une fine couche de permafrost, qui ne tue pas l'anthrax mais le plonge dans un profond sommeil. Cet épisode a causé la mort d'un enfant ; des milliers de rennes ont également été infectés. ", Ces changements d’éco-systèmes fondamentaux peuvent également s'accompagner de la disparation pure et simple d'espèces végétales. Réécouter Clitoris : au bonheur des dames, Essais nucléaires : en Polynésie française, l’explosion atomique qui ne s’est pas passée comme prévu. C'est ce qui fait dire au Pr Claverie qu'en matière de virologie, ce dégel lent des couches superficielles n'est pas le danger le plus imminent : "A cause du réchauffement climatique, des routes maritimes sont désormais ouvertes six mois par an. A posteriori, l'histoire est facile à reconstituer. En 2014, le Pr Claverie et son équipe ont découvert deux virus géants, inoffensifs pour l'Homme, qu'ils ont réussi à réactiver : "Cette découverte démontre que si on est capable de ressusciter des virus âgés de 30.000 ans, il n’y a aucune raison pour que certains virus beaucoup plus embêtants pour l’Homme, les animaux ou les plantes ne survivent pas également plus de 30.000 ans. A retrouver sur iTunes, sur Deezer ou en fil RSS. Ses activités se concentrent essentiellement dans l’Arctique canadien où il travaille sur les problématiques climatiques et en particulier sur la transformation et le dégel du pergélisol. Après le virus SARS 2 responsable de la COVID 19, devrions-nous, nous préparer à affronter la maladie du mammouth ?. Découverte d'un nouveau virus géant dans le permafrost sibérien 6 K lectures / 8 réactions 08 septembre 2015, 11:44 Microscopie électronique à balayage des particules des 4 familles de virus géants désormais connues. Désormais ces zones peuvent être exploitées. Parmi toutes ces catastrophes en cours ou à venir, il en est une majeure, qui se déroule en ce moment en Alaska, au Canada et en Russie. Il a été prélevé par des équipes russes dans l’extrême nord-est sibérien et possède plus de 500 gènes. Selon les scénarios les plus optimistes, d'ici 2100, 30% du pergélisol pourraient disparaître. A Salluit, à l’extrême nord du Québec, la caserne de pompier s’est effondrée. Rien qu'en Sibérie 7000 bulles de méthane, dont la plus grande partie sur la péninsule de Yamal, seraient prêtes à exploser. En Sibérie, la fin du permafrost russie. Permafrost : la nouvelle bombe à virus. En 2015 déjà, une équipe de chercheurs français avait découvert un virus géan… Virus oubliés et gaz à effet de serre : une double bombe à retardement mortelle. Là est le danger ! Par ailleurs, concernant la question des virus, nous avons fait appel à Jean-Michel Claverie, professeur de médecine de l’Université Aix-Marseille, directeur de l’institut de Microbiologie de la Méditerranée et du laboratoire Information Génomique et Structurale. ", On éradique peut-être certains agents infectieux de la surface de la planète. Ces agents infectieux sont donc les plus récents et ils sont par conséquence connus de la médecine moderne. Les effets du réchauffement climatique sont multiples : hausse des températures, fontes des glaciers, hausse du niveau des mers, sécheresse, changements de la biodiversité, migrations humaines, etc. C'est en persévérant dans l'étude de l'échantillon de sol gelé en provenance de l'extrême Nord-Est sibérien, dans lequel avait déjà été trouvé le Pithovirus, que les chercheurs ont isolé, amplifié, puis caractérisé ce nouveau virus, Mollivirus sibericum. Pendant l'été 2016, un enfant est mort en Sibérie de la maladie du charbon (anthrax), pourtant disparue depuis 75 ans dans cette région. Pour étudier les risques liés au dégel du pergélisol, nous avons sollicité l'éclairage de deux spécialistes. Le pergélisol préserve également de nombreux virus, oubliés ou inconnus. En 2016 en Sibérie, des spores d'anthrax vieilles de 70 ans se sont libérées du cadavre d'un renne après le dégel d'une couche de permafrost. La fonte du permafrost sibérien libère des virus qui ont survécu à 30.000 ans de congélation. Des chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale (CNRS/Aix-Marseille Université), du laboratoire Biologie à grande échelle1(CEA/Inserm/Université Joseph Fourier) et du Genoscope1 (CNRS/CEA) viennent de découvrir un virus géant d'un genre totalement nouveau, dans le même échantillon de permafrost2 de Sibérie, datant de 30 000 ans, d'où avait déjà été isolé Pithovirus3. PNAS, 7 septembre 2015. Ces côtes et ces régions, auparavant désertiques, sont connus pour receler d’importants gisements de gaz et de pétrole ; il y a également beaucoup de métaux précieux comme l'or ou les diamants. Il ne mesure que 600 nanomètres, mais, pour un virus, c'est gigantesque. Je travaille notamment près d’un village inuit, Umiujaq, au nord du Québec. Vue aérienne de lacs formés par le dégel du pergélisol sibérien à Yamalo-Nenets, en Russie. C’est un nouveau type de virus géant vieux de 30 000 ans. Oui, selon Jean-Michel Claverie, professeur en médecine à l'université Aix-Marseille. "Le changement climatique fournit des conditions plus favorables pour développer le potentiel économique de cette région" avait-il déclaré en mars 2017 à propos du nord de la Russie. Les bactéries peuvent se nourrir de cette matière organique dès lors qu’elle est dégelée. Afin de déterminer si d'autres virus géants se cachent encore dans le permafrost, les chercheurs étudient7 désormais des couches plus anciennes du sol sibérien, dans une région qui devrait leur permettre d'atteindre - 1 million d'années. Décryptage. ", Pour autant, nul besoin de replonger aussi loin dans le temps pour trouver des virus dangereux pour les espèces vivantes. Dans les zones qui voient leur pergélisol dégeler, la biodiversité se modifie profondément. Dans cette région, une telle maladie ne s’était pas vue depuis environ 75 ans. Un nouveau type de virus qui n'avait jamais été observé auparavant. Lire la bio. De plus, ce danger est renforcé par la volonté politique du président russe Vladimir Poutine d'exploiter industriellement cette région du globe. Les scientifiques le scrutent, l’analysent, l’étudient et ne cessent d’alerter sur les risques liés à sa fonte : accélération du réchauffement climatique, libération de tonnes de mercure, réactivation de virus … Localement, le dégel du pergélisol a également de lourdes conséquences sur les Hommes. Entamé depuis plusieurs années, le dégel de cette couche géologique, composée de glace et de matières organiques, menace de libérer des quantités astronomiques de CO2, entraînant potentiellement un réchauffement climatique encore plus important et rapide que prévu. L'eau noire est la glace fondue du permafrost. Actualité Classé sous : Réchauffement climatique, pergélisol, Permafrost. Les sols gelés du Grand Nord constituent un formidable réfrigérateur à bactéries et à virus. Bref, il y a encore trop d’incertitudes. Il y a là un véritable danger, qui reste toutefois difficile à évaluer." Forme, mode de réplication, métabolisme : Mollivirus sibericum représente bien une nouvelle famille de virus distincte des trois familles de virus géants déjà répertoriées. On sait désormais que les virus peuvent survivre au moins 30.000 ans. Ce carbone, quand il est gelé, est peu accessible à la minéralisation bactérienne. _Le méthane est un gaz à effet de serre trente fois plus puissant que le CO2_. Débat Les réponses de Philippe Charlier, médecin légiste et archéo-anthropologue, Jean-Claude Ainsi des décès dans les troupeaux de rennes sibériens ont été provoqués par la « maladie du charbon ». Le dégel du permafrost est susceptible de ressusciter les bactéries et les virus piégés depuis des milliers d’années. Baptisé «mollivirus sibericum» il est vieux de 30 000 ans, est visible au microscope optique et possède plus de 500 gènes. Donc les sols arctiques vont servir de puits de carbone quand le pergélisol servira de source de carbone. Au fil des années, de plus en plus de virus, parfois totalement inconnus de la science, sont découverts dans les sols gelés. L'une des missions du chercheur Florent Dominé est donc notamment d'encourager les populations locales à construire sur des zones rocheuses, parfaitement stables et sans risque. ECOUTEZ LE PODCAST DE RADIO FRANCE "AGIR POUR MA PLANÈTE" : A l'occasion de la COP24, retrouvez toutes les émissions et les chroniques sur le changement climatique, par les antennes de Radio France. Pr Jean-Michel Claverie, Toutefois, aussi dramatiques que puissent être ces épidémies d'anthrax, les virus libérés par le réchauffement climatique sont ceux présents dans les couches superficielles du pergélisol. Un virus géant découvert dans le permafrost en Sibérie Des scientifiques russes ont découvert et réussi à réveiller un virus préhistorique dans les sols gelés en permanence de Sibérie. Microscopie, génomique, transcriptomique, protéomique et métagénomique4, ont permis aux chercheurs de dessiner un portrait détaillé de ce nouveau virus, baptisé5Mollivirus sibericum. La plupart de ces protéines n'ont pas la moindre ressemblance avec celles de son prédécesseur sibérien, Pithovirus sibericum. Des orignaux commencent à arriver alors qu’avant ils étaient cantonnés plus au sud. Avec la fonte du permafrost, des milliers de virus emprisonnés dans la glace depuis des milliers d'années menacent de se répandre. Le virus de la maladie du charbon avait été libéré suite au dégel d'un cadavre de renne vieux de 70 ans ! En somme, le CO2 qui s'échappe dans l'atmosphère participerait au réchauffement climatique, qui lui même accélère la fonte du pergélisol. Cette stratégie et d'autres caractéristiques spécifiques, comme un déficit en certaines enzymes clés permettant la synthèse des briques de base de son ADN, rapproche Mollivirus sibericum des types de virus courants parmi les pathogènes humains comme les Adénovirus, les Papillomavirus, ou les Herpesvirus. Les résultats de l'analyse métagénomique de cet échantillon de permafrost, qui montre une concentration extrêmement faible du Mollivirus (de l'ordre de quelques parties par million), ont aujourd'hui des implications importantes en termes de santé publique. Toutefois, difficile de prévoir exactement quelle sera la quantité réelle de ces émissions, comme le rappelle Florent Dominé : "La fourchette serait comprise entre 50 et 250 milliards de tonnes de CO2. Sur place, il étudie également l’évolution de la végétation et de la biodiversité. On trouve du pergélisol au nord du Canada et de l'Alaska, ainsi qu'au nord de la Sibérie. Virus oubliés, libérés. En 2014, lui et son équipe ont découvert deux nouveaux virus, des virus géants, datés de 30 000 ans, dans le pergélisol sibérien. Et cet été, en 2016, la couche dégelée a été plus profonde que les années précédentes. Des chercheurs ont découvert ces dernières années deux types de virus géants, dont l'un vieux de 30.000 ans, conservés dans le permafrost. Qui plus est, le danger est potentiellement partout dans le permafrost, car "même si l’on se limite à creuser jusqu’à 30 mètres de profondeur, ce qui équivaut à 30.000 ans et donc à la disparition de Neandertal, cela peut être dangereux." Tandis que les règles d'application de l'accord de Paris ont été adoptées lors de la COP24 en Pologne, en Sibérie ou au Canada le pergélisol (permafrost en anglais) poursuit son dégel. Et là, les bactéries vont pouvoir la métaboliser et la transformer en CO2. Avec François Héran et Bruno Nassim Aboudrar. De plus, à l'opposé de Pithovirus, qui n'a besoin que des ressources du cytoplasme de son hôte cellulaire pour se multiplier, Mollivirus sibericum utilise le noyau cellulaire pour se répliquer6 dans l'amibe ce qui le rend aussi dépendant de son hôte que la plupart des "petits" virus. "Quand la matière organique du pergélisol dégèle, détaille le chercheur, et qu’il n’y a pas d’oxygène disponible parce que la zone est saturée en eau, alors à ce moment-là, on va avoir une fermentation bactérienne et donc une émission de méthane par le pergélisol. La toundra herbacée est remplacée par de la toundra arbustive. Un virus géant ou girus (contraction de l'anglais giant virus) est un type de virus caractérisé par une taille supérieure à 0,2 μm et un génome formé de plus de 300 000 pb1. On trouve du pergélisol au nord du Canada et de l'Alaska, ainsi qu'au nord de la Sibérie. Est-ce que des virus prisonniers du permafrost sibérien depuis des centaines de milliers d'années pourraient redevenir actifs en étant libérés par exemple par l'extraction minière ? Réécouter Gainsbourg/Gainsbarre: l'épine dans le pied de la nouvelle morale, Gainsbourg/Gainsbarre: l'épine dans le pied de la nouvelle morale, Réécouter Dix femmes inspirantes (1/10) : Victorine, la vieille bretonne, Dix femmes inspirantes (1/10) : Victorine, la vieille bretonne. Ce dioxyde de carbone va alors s’échapper dans l’atmosphère et potentiellement faire augmenter les teneurs de ce gaz à effet de serre. Plus proche des virus « normaux » Mollivirus a été découvert dans le permafrost du Nord-Est de la Sibérie, dans le même échantillon où a été retrouvé le pithovirus l’année dernière. Et dans ce village construit quasiment entièrement sur une zone riche en glace et qui existe depuis des dizaines d’années, on parle de déménager tous les habitants. Cette couche de sol renferme d'énormes quantités de carbone et des virus potentiellement dangereux pour l'Homme. Des chercheurs russes et français ont découvert un puissant virus dans le permafrost de sibérie. Du mercure a également été découvert dans certaines zones de l'Alaska mais d'après Florent Dominé, "le principal danger climatique reste le dioxyde de carbone". Il y a 50 ans, la végétation était essentiellement composée de lichen à caribou. On en arrive à ces situations qui peuvent être dramatiques pour les populations locales." Plus de 2 000 rênes et un jeune garçon ont été tués, en Sibérie, après avoir attrapé le virus de l’anthrax. Et là on tripote des choses avec lesquelles on n’a jamais été mis en contact. Réécouter Liberté d’expression, liberté d’enseigner : le casse-tête des professeurs. Vous pouvez donc accéder assez facilement en bateau jusqu’à la Sibérie. est dans l'appli Radio FranceDirect, podcasts, fictions. Le risque des maladies de l’époque de l’homme Néandertal Découvrez nos newsletters complémentaires, CO2 et virus oubliés : le permafrost est "une boîte de Pandore". Cette matière organique est formée en grande partie de carbone. C'est une nouvelle conséquence du réchauffement climatique.