le choix en sociologie

Dans ce contexte, le parcours alimentaire devient un élément majeur du travail d’individualisation.

[…] Sa maman était une excellente cuisinière. En même temps, la disparition ou la diminution d’une caste servante et la répartition des tâches à cette époque sont dues en partie aux appareils ménagers, dont l’usage se généralise de plus en plus à partir des années 1920, et qui facilitent certains travaux (Strasser, 1982 ; Cowan, 1983). Il en était de même pour l’ordre observé à table où chacun occupait toujours la même place, sa place à lui qui ne changeait pas : « C’était agréable. La pratique historique de l’esclavage, abolie aux États-Unis à la suite de la Guerre civile ou guerre de Sécession (1861-1865), a eu des conséquences culturelles et sociales qui se font toujours sentir dans les différentes divisions raciales.

Le parcours alimentaire devenant visible en tant que tel à travers le temps, son étude demande une vue diachronique et une sensibilité historique. […] Nous ne nous étions pas impliqués dans les processus [de la cuisine]. Ainsi, l’époux qui aime l’univers de la nourriture en fait-il aussi la base d’amitiés durables se poursuivant au fil des années.

Selon l’épouse, qui se souvient du jour où elle a été présentée à la famille de son mari : « […] j’étais vachement impressionnée par toute cette nourriture faite à la maison, par sa quantité et sa variété. Il apprenait ainsi les façons de faire, sans jamais que sa mère et lui « cuisinent ensemble ». Ce genre de phénomène est attesté dans d’autres circonstances. Son père, ses frères et lui chassaient et pêchaient : « Nous cultivions notre propre potager et légumes. Dans la cuisine, où sa mère apprêtait tout, le fils l’aidait et la regardait faire. Les individus expriment leurs goûts personnels. Il les poursuit activement, faisant de la nécessité de manger et de celle de faire manger sa famille une source de plaisirs et une raison sociale, voire une vocation. Toutefois, son passé, comme son engagement personnel à la cuisine, démystifient les allures de grandeur que veut se donner un établissement : « C’était [l’endroit] très exotique. De notre démarche de recherche qui a consisté à mener un entretien détaillé avec un nombre réduit d’enquêtés, en fait deux personnes, résulte un récit biographique riche en détails, que nous avons analysé par la suite.

Je mange encore pour vivre, non pas vivre pour manger. Après la visite chez ses parents, quand elle rentre dans son propre ménage, elle affirme de façon positive la décision personnelle de changer du coup de régime alimentaire. En même temps, les échanges de nourriture et les repas communautaires entretenaient les relations sociales et les réseaux d’assistance. Au moins depuis les Notre approche qualitative de l’interprétation s’inscrit également dans une tradition sociologique narrative qui applique les méthodes d’interprétation et de description empruntées à la critique littéraire, à l’histoire culturelle, à la psychanalyse et à l’anthropologie culturelle (Denzin, 1980 ; Denzin et Lincoln, 2005 ; Chase, 2005). Son mari accepte ce choix qui dépasse largement les traditions familiales de leur enfance et qui s’érige en contrepoids à son propre régime encyclopédique. Ces approches participent à un tournant ou peut-être à un retour, dans les sciences sociales, aux méthodes biographiques (Bertaux, 1981 ; 2010 ; Rustin, 2000 ; Chamberlayne, Bornat et Wengraf, 2000 ; Andrews, Sclater, Squire et Treacher, 2000 ; Lahire, 2002). En se rappelant leur enfance dans le Sud profond des États-Unis, les enquêtés évoquent certains modes de vie aujourd’hui largement disparus.La géographie rurale du Sud du pays, la nature propice à la chasse comme au jardinage, et la situation économique fragile de sa famille lorsque l’époux était enfant ont fait qu’il était producteur, comme ses parents, ses deux frères et sa soeur : « Nous étions pauvres, nous n’avions pas d’argent pour faire les courses.

Les éléments saillants qui s’en dégagent sont : la mesure et la polyvalence de l’investissement (personnel, social, culturel) de l’individu dans ses choix alimentaires, donc la nature risquée de ceux-ci. Le développement intensif des individus dans leurs particularités rend nécessaire l’analyse du social à partir d’eux.La nécessité de manger nous accompagne le long de la vie qu’elle sert à maintenir, et les habitudes alimentaires sont culturelles, sociales et institutionnelles. Il devient alors intéressant de considérer d’abord l’individu, pour réfléchir le social en tant que tel, et de l’aborder par la conversation structurée. Les enquêtés vivent maintenant dans une ville moyenne dans le sud-ouest du pays, où ils ont déménagé pour des raisons professionnelles. Nos questions étaient ouvertes, car il s’agissait d’inviter les enquêtés à se raconter. Ainsi, l’épouse découvre, à son arrivée chez ses parents, qu’ils ont tous deux adopté le régime végétalien.